[by Luz Adriana Villa A. - cc-by]
Ahhh les années 80 ! Cette décennie vous fera sûrement penser au doux son des synthétiseurs, à la médiatisation de Tapie, Drucker, la Gauche au pouvoir. Les années 80, c'est bien plus que ça, c'est la décision politique de nous faire aimer l'argent, idéologiquement parlant. C'est "paradoxalement" avec Mitterrand Président, que nous aurons connu la plus grande phase d'idéalisation du néolibéralisme.
Cela passera par l'absence médiatique des grands critiques intellectuels, rapidement comblée par les valeurs individuelles de la réussite entrepreunariale. Ces valeurs seront incarnées par de nouveaux intellectuels comme BHL, Alain Finkelkraut, Jacques Attali, Luc Ferry ; lesquels ne doivent pas vous être si inconnus. Etonnamment, toute question sociale est évacuée par la condamnation ou minimisation de la Révolution Française, la focalisation sur les conflits communautaires, le tropisme technologique. C'est le moment où les débats caractériseront la bascule vers le politiquement correct, rencontres dépassionnés et insipides. S.O.S Racisme guidera le peuple vers de nouvelles valeurs. La privatisation de TF1 sacrera la puissance des marchés ; la chaîne avait d'ailleurs promise de conserver intégrité et qualité culturelle. Patrick Le Lay a depuis eu le mérite de ne pas faire preuve de démagogie.
Économiquement parlant, les années 80 permettront d'installer les bases intrinsèques de la crise actuelle. Le salariat perd 10 points de P.I.B au profit des actionnaires. Les logiques individualistes s'inscrivent profondément dans la société avec la création de modèles médiatiques (Bernard Tapie) et la stigmatisation des plus démunis. C'est aussi un recul de la force politique sur la vie sociale avec la création du Téléthon, des Resto du Coeur. On crée également une réserve de main-d'oeuvre, "les jeunes" en prétendant un chômage de 25% dans le seul but de pressuriser les salaires : le recul du salaire à l'embauche retarde, mécaniquement, l'ensemble des salaires.
Politiquement parlant, la novlangue s'installe : la crise devient "une chance", la lutte des classes disparaît puisque "tout le monde fait partie de la classe moyenne". Thatcher, Reagan accompagnent la modernisation libérale. En France, la Gauche se modernise en rejoignant le dogme néolibéral de la Droite : la bien-nommée social-démocratie.
Pour comprendre la crise actuelle, il faut mesurer la violence dogmatique de cette décennie. L'émission La Bas Si J'y Suis, animé par Daniel Mermet sur France Inter, y parvient et procure un réel plaisir à l'écoute. Accompagné de François Cusset, Serge Halimi et Frédéric Lordon, Mermet vous fera voyager dans cette décennie idéologique.
La suite d'émissions se décompose en 7 parties (clic-droit "enregistrer la cible sous...", mp3) :
Partie I : les nouveaux intellectuels
Partie II : principes de la novlangue
Partie III : la fin de l'Histoire
Partie IV : l'uniformisation citoyenne
Partie V : violences économiques
Partie VI : la privatisation de TF1
Partie VII : 1989, et après ?
Batou.fr est un blog proposant un regard personnel sur l'actualité de deux domaines passionnants : l'informatique et Internet. Le site reflète mes centres d'intérêt. Ainsi, des news sur la musique, le cinéma, la littérature seront présents pour agrémenter ce site. N'hésitez pas à participer et à donner votre avis sur les différents articles !
Bonne visite ;-)
Bah, c’était pas si mal que ça les années 80
Attention, la social-démocratie n’est en rien une version “néo-libérale” de la gauche, historiquement c’est une alternative au marxisme qui préconise la transformation sociale et la redistribution des richesses par le dialogue social et la négociation collective, une sorte de réformisme progressiste et consensuel, mais pas un renoncement. En France, on a trop souvent tendance à l’assimiler à la débâcle intellectuelle du PS, mais en fait ça n’a rien à voir, et la politique de Mitterrand à partir de 83 n’avait rien de social-démocrate, c’était juste une capitulation en règle face aux pressions des marchés.