Le jeu-vidéo est devenue une industrie. A l'instar du cinéma, de la musique, l'industrialisation dans un domaine artistique entraîne :
Comment expliquer tant de nostalgie envers les jeux de notre enfance programmés dans un garage avec si peu de moyen mais procurant tant de plaisir versus des sorties actuelles où le niveau de créativité et de plaisir ludique est proche du zéro absolu.
Tout dépend finalement de ce que l'on désire privilégier, quel est alors le centre d'intérêt ou la finalité recherchée ?
Si l'argent demeure le principal objectif, alors nous aurons droit à une mise en avant du progrès technologique (effets spéciaux dans un film, derniers effets 3D dans un jeu) qui sera censé compenser l'absence de créativité. Le milieu des affaires est la plupart du temps en inadéquation avec la prise de risque : on fuit l'innovation par peur d'un échec commercial. Résultat : tout se ressemble (clones), on se lasse rapidement et le désintérêt atteint son paroxysme (le progrès technologique prend bien trop souvent lieu et place de l'âme).
Parfois, des petits bijoux sortent et apportent un grand bol d'air, car destiné pour l'Homme et non pour l'argent.
C'est le cas du jeu que je veux vous présenter : World of Goo.
Faisant fi des normes videoludiques, le studio "2D BOY" (composé d'une équipe de...2 personnes) réussit à surprendre le joueur avec un concept et des moyens très simples.
Ron Carmel (game developper) et Kyle Gabler (game designer) ont décidé de développer leur propre jeu loin de l'industrialisation exercée sur des jeux-vidéos, avec deux principes :
Le concept du jeu est simple : un puzzle-game à la Lemmings revisité. Il faut conduire des Goo (petites boules ayant des propriétés différentes) jusqu'à la sortie.
Un Goo ayant le QI d'un métrosexuel dans une boite de nuit, il fallait bien que vous interveniez pour vous substituer sans difficulté à leur absence de matière grise.
Vous devrez donc faire preuve d'inventivité pour braver les obstacles et les lois de la physique pour conduire ces goos vers un aspirateur, faisant office de sortie.
Tout l'intérêt que l'on peut porter à ce jeu tient dans son univers délicieusement élaboré : une ambiance tim burtonesque et poétique à souhait. Ajoutez à cela une histoire et une bande son collant parfaitement à l'univers et aux phases d'action, et qui s'avère être un vrai plaisir pour nos oreilles et vous tenez un OVNI vidéoludique, un véritable must-have.
Plutôt que de vous détailler le jeu en long, en large et en travers, je vous laisse le découvrir en images :
La sortie officielle en Europe est prévue pour début 2009 (l'occasion d'ajouter un chapitre supplémentaire), mais vous pouvez d'or et déjà y jouer (version US sortie le 13 octobre 2008)
Une version sur Wii existe et les versions Mac et Linux ne devraient pas tarder à arriver.
Pour mettre le jeu en français et changer la résolution :
Editez le fichier "X:\...\WorldOfGoo\Properties\Config.txt"
<!-- IMPORTANT WARNING: If you edit this file, your computer will probably explode. Your friend, the High Resolution Sign Painter -->
<config>
<param name="language" value="fr"/>
<param name="screen_width" value="1024"/>
<param name="screen_height" value="768"/>
<param name="ui_inset" value="10"/>
</config>
Par contre, ne mettez pas votre résolution en wide si vous avez un écran 16:10 car ce format n'est pour l'instant pas encore bien géré (vous ne pourrez pas finir un seul tableau).
Vous noterez le clin d'oeil dans le commentaire du code...
Sur ce, bon jeu à tous et merci à 2K Boy pour avoir développer ce jeu avec passion !
Vivent les jeux indépendants !
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Merci Batou pour ce conseil !
C’est effectivement très agréable d’avoir sous la main un jeu marginal, au concept original et aux graphismes simples et amusants (bien loin des environnements quasi-réels que nous offrent les jeux dernière génération).
Tu y vas cependant peut-être un peu fort sur le monde vidéo-ludique aseptisé. Quelques boites sortent encore des jeux intéressants, bien que souvent non aboutis et donc inévitablement décevants à cause de contraintes de temps/argent trop strictes.
La pierre n’est donc selon moi pas à jeter aux développeurs et aux équipes créatrices, mais plutôt aux distributeurs qui imposent des délais et budget portant forcément préjudice à la qualité du produit fini, pour des raisons de (et l’on y revient toujours) rentabilité.
Cela dit, encore une fois, merci pour cet article, World of Goo est vraiment atypique, et très plaisant par sa fraicheur.
Dans le même ordre d’idée, je me permets de citer Da Blob, un jeu développé par des étudiants en art il y a quelques années, au concept original et assez amusant, quoi que peut-être un peu lassant à la longue. Mais il reste bien moins divertissant que le tien 😉
Salut Pauline,
Les univers dits “réalistes” représentent l’avenir et restent très agréables à jouer, si toutefois d’autres éléments comme le gameplay, la bande-son, le scénario n’ont pas été mis de côté.
Miser tout sur le graphisme en laissant de côté ce qui fait l’intérêt même du jeu (se divertir, s’évader….) représente selon moi le non-sens le plus total.
Je maintiens que le paysage vidéoludique est aseptisé dan le sens où la plupart des jeux se ressemblent et n’innovent que très peu. Le degré de réalisme est devenu le principal facteur (et seul) de vente.
C’est vrai que les éditeurs et distributeurs (comme dans le milieu de la musique) ne sont intéressés que par la rentabilité et oublie l’essence même des créateurs : leur passion. Un collectif s’est crée dans le milieu de la musique contre les majors (FAC pour Featured Artists’ Coalition avec des groupes comme Iron Maiden ou Radiohead par exemple) pour lutter contre la part ahurissante que s’octroient les maisons de disque et retrouver le pouvoir sur leur travail. Pourquoi pas dans le milieu du jeu vidéo ?
En tout cas, je suis ravi que cet article t’ait plu !
Bonne soirée à toi 😉
Bonsoir Batou,
J’avais simplement le sentiment que tu condamnais l’intégralité des jeux récents sous prétexte qu’ils misaient tout sur la beauté du graphisme. Ce qui, au lu de ta réponse, ne rend visiblement pas justice à ton opinion !
Mais tout ceci étant tiré au clair, je partage entièrement ton point de vue à ce propos.
Bonne continuation !
Pauline
PS : j’en suis au chapitre 2 🙂